Profitant de notre escapade romantique au pays d’Aiguebelette, nous nous sommes dirigés vers la Chartreuse, un espace qui nous est encore parfaitement inconnu. Ainsi, dans le viseur, les grottes de Saint-Christophe, au nord du massif, côté savoyard.
La visite des grottes de Saint-Christophe
Nous pensions naïvement pouvoir nous promener librement dans les grottes. Mais très vite, nous comprenons que la visite se fait uniquement accompagnée. Nous nous inscrivons donc pour la prochaine visite guidée, prévue dans seulement 20 minutes (coup de bol) !










L’histoire des grottes de Saint-Christophe
C’est pendant des millions d’années que les caprices d’un ruisseau souterrain ont lentement rongés les calcaires jurassiques. En effet, beaucoup l’ignorent, mais géologiquement parlant et malgré sa position géographique, la Chartreuse n’est pas un massif alpin mais… Jurassien !










À force de patience, la nature y a sculpté un royaume minéral : arches naturelles, voûtes silencieuses, stalactites pendues comme des larmes de pierre, et stalagmites dressées telles des sentinelles immobiles. Au fil des siècles, les grottes de Saint-Christophe ont vu bien des voyageurs passer, depuis les Romains jusqu’aux curieux d’aujourd’hui.
Les grottes de Saint-Christophe sont classées Espace Naturel Sensible. Elles protègent un patrimoine fragile, mis en valeur par un parcours immersif. Ce parcours combine jeux de lumière, ambiances sonores et explications accessibles à tous. On y découvre, au fil des galeries, non seulement les traces laissées par l’eau, mais aussi les vestiges d’un ancien usage : passage de troupeaux, abri pour les hommes, voire cachette durant les périodes troublées.





Le pont Romain
Un peu plus bas, en aval des grottes de Saint-Christophe, existe un pont Romain, qui faisait à l’époque office de frontière entre le royaume de France et le duché de Savoie. De nos jours, il sépare les départements de l’Isère et de la Savoie. Comme nous l’avons traversé, nous pouvons officiellement affirmer que nous avons visité un bout d’Isère pendant ce voyage !
Ce pont romain aurait été construit à l’époque gallo-romaine, probablement entre le Ier siècle avant notre ère et le Ier siècle après J.-C., pour faciliter le franchissement d’un cours d’eau sur un itinéraire secondaire menant à la grande voie transalpine. Certes modeste en taille, ce pont n’en demeure pas moins un témoin précieux. En effet, il souligne l’importance stratégique de cette région, véritable carrefour entre la Gaule et l’Italie.
Destiné à durer, il constitue un témoignage silencieux de la continuité des voies de communication à travers les Alpes depuis plus de deux mille ans…





Nous y avons vu de belles maisons que nous vous partageons également. Cela nous fait drôle de voir autre chose que des chalets, dans les Alpes… Ah, mais on est dans le Jura c’est vrai !


La Voie Sarde
En remontant la Voie Sarde vers les grottes de Saint-Christophe, nous sommes accueillis par Charles Emmanuel II, qui cherche à nous impressionner en nous disant « attention français, vous entrez en Savoie, ça ne rigole plus ».

Brève histoire la Voie Sarde et du monument Emmanuel II
La Voie Sarde est un tronçon spectaculaire de l’ancienne route du duché de Savoie, taillée à même la paroi calcaire du défilé de Pierre-Châtel. Utilisée depuis l’époque romaine, cette portion fut réaménagée au XVIIe siècle sur ordre du duc Charles Emmanuel II afin de faciliter le passage des marchandises et des troupes entre Lyon et Turin. Bordée de hautes falaises et creusée dans la roche vive, elle témoigne d’un véritable exploit d’ingénierie pour l’époque. Classée au titre des monuments historiques en 1991, la Voie Sarde est aujourd’hui un site prisé des randonneurs et un témoignage de l’histoire transalpine.
Le monument Charles Emmanuel II fut érigé en 1674. Il rend hommage au duc qui modernisa la Voie Sarde. À l’époque, cette route était un axe stratégique entre Lyon et Turin. Abîmé pendant la Révolution, il fut restauré plusieurs fois, notamment en 1803 sous les auspices de Bonaparte, puis en 1992 par le sculpteur Livio Benedetti avec la participation… d’EDF ! Ce monument est également classé au titre des monuments historiques, depuis 1952. Construit pour le prestige du suzerain et du royaume de Savoie, il aurait représenté la part du lion du budget de réaménagement de la Voie Sarde !
Le mot de la fin
Notre aventure dans les grottes de Saint-Christophe touche à sa fin. Une chose est sûre : le site attire du monde ! Nous n’étions qu’un petit groupe (15 personnes) que le guide nous a prévenu d’emblée qu’on ne pouvait pas trop traîner pour les photos de crainte de prendre trop de temps (car les visites s’enchainent).
Nous avons mieux compris pourquoi lorsqu’un véritable troupeau nous a succédé pour la visite suivante. En conclusion, les cavités sont très jolies et valent vraiment le détour ! Par ailleurs, cette visite nous a offert un premier aperçu des paysages de la Chartreuse. Et ce n’est qu’un début : nous comptons bien y revenir pour explorer davantage.
La suite de notre escapade au pays d’Aiguebelette au prochain épisode (à paraitre bientôt) !